Le Partenariat met à disposition des services et outils en faveur de la gestion améliorée des aires protégées
La Commission des Forêts d’Afrique Centrale et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature signent un nouvel accord de collaboration pour renforcer l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale
Monsieur Raymond NDOMBA NGOYE a intégré la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) en avril 2005 comme Secrétaire Exécutif Adjoint et Coordonnateur Technique. A la fin de 2008, il a été nommé Conseiller du Ministre des Eaux et Forêts successivement chargé de la coopération internationale, responsable des relations avec les organisations sous régionales cumulativement avec ses fonctions de coordinateur national COMIFAC pour le Gabon.
- M. Raymond a une bonne expérience sur la facilitation des processus de gouvernance pour avoir mené et suivi avec succès l’accord de conversion de dette, signé entre les gouvernements français et gabonais relatif au financement des projets de gestion durable des forêts et de l’environnement pour un montant global de 32 milliards de Francs CFA à travers la conversion de cette dette du Gabon vis-à-vis de la France.
Depuis le 13 janvier 2017, il a été promu Secrétaire Exécutif de la COMIFAC avec résidence permanente à Yaoundé – Cameroun. Dans cet entretien, il va nous parler du mandat de la COMIFAC, la stratégie de l’institution pour renforcer la gouvernance des aires protégées en Afrique Centrale, ainsi que les activités de l’Observatoire Régional planifiées pour l’année 2019.
1) Pourriez-vous nous dire quel est le mandat et la structure de la COMIFAC?
Permettez-moi de faire la genèse de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale, anciennement appelée Conférence des Ministres en charge des Forêts d’Afrique Centrale.
La COMIFAC a été créée en 2000 pour concrétiser les engagements souscrits dans la Déclaration de Yaoundé par des Chefs d’État d’Afrique Centrale qui le 17 Mars 1999 se sont réunis dans le cadre du Sommet sur la conservation et la gestion durable des forêts tropicales.
Depuis 2007, sur décision de la conférence des chefs d’États et de gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), la COMIFAC a été admise comme organisme spécialisé de cette institution d’intégration sous régionale, sur les questions forestières et environnementales.
Aujourd’hui la COMIFAC est l’institution sous régionale de référence en matière d’harmonisation et de suivi des politiques forestières et environnementales qui regroupe en son sein dix pays membres d’Afrique Centrale à savoir : le Burundi, le Cameroun, le Gabon, la Guinée Équatoriale, la République Centrafricaine, le Congo, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, Sao Tomé et Principe et le Tchad.
Interview menée par
Louisette Sylvie Ngo Yebel épse Founga
Experte Communication COMIFAC
louisetteyebel@comifac.org
La COMIFAC est chargée de l’orientation, de l’harmonisation et du suivi des politiques forestières et environnementales en Afrique Centrale, et pour garantir le succès de sa mission l’institution est dotée de trois organes : le Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement, le Conseil des Ministres en charge des forêts et/ou de l’environnement et le Secrétariat Exécutif.
En tant qu´un organe d’exécution, le Secrétariat Exécutif a pour mandat (i) appliquer les décisions du Conseil des Ministres et (ii) assurer la coordination de la mise en œuvre des activités de la COMIFAC, notamment à travers la coordination opérationnelle du plan de convergence sous régional, qui est un cadre de référence et de coordination de toutes les interventions en matière de conservation et de gestion durable des écosystèmes forestiers en Afrique Centrale adopté par les États Membres.
Pour mener à bien son mandat, le Secrétariat Exécutif s’appuie au niveau national sur les coordinations nationales, le démembrement de la COMIFAC au niveau national formé par des représentants gouvernementales chargés entre autres d’assurer le suivi de la mise en œuvre du plan de convergence au niveau de chaque pays.
2) Un accord de collaboration spécifique entre la COMIFAC et l’UICN vient d’être signé. Quel est le focus de ce partenariat ?
A la fin de février 2019, un accord de collaboration a été signé entre la COMIFAC et l’UICN dans le cadre de la mise en œuvre de la seconde phase du Programme BIOPAMA en Afrique Centrale. Le focus de ce partenariat est d’accompagner la COMIFAC dans la mise en œuvre de son plan de convergence, document stratégique de traduction opérationnelle des engagements politiques des chefs d’État d’Afrique Centrale, notamment en ses axes stratégiques d’intervention N°2 sur « Gestion et valorisation des ressources forestières » et N°3 sur la « Conservation et utilisation durable de la biodiversité » et son axe transversal N° 1 sur « la formation et renforcement des capacités » et N°2 sur « Recherche-Développement ».
Plus spécifiquement, il s’agit de mener des actions de renforcement des capacités des acteurs engagés dans la conservation et la gestion des aires protégées en Afrique Centrale, coordonner la production du rapport sur l’État des Aires Protégées et appuyer la gestion d’information sur les aires protégées régionales à travers des services d’accompagnement et mise à disposition de l’outil intégré d’évaluation de l’efficacité de gestion des aires protégées (IMET). Notons que cet accord fait suite au rôle crucial qu’a joué la COMIFAC dans la mise en œuvre de la première phase du programme BIOPAMA entre 2011 et 2016.
3) Quelle est la stratégie de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC) pour intégrer la dimension aires protégées et biodiversité dans sa politique de gouvernance ?
L’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC) est une cellule spécialisée de la COMIFAC sur décision du Conseil des Ministres en janvier 2011. L’OFAC a pour mission de compiler, centraliser et harmoniser des informations environnementales et économiques collectées auprès des fournisseurs des données pour le pilotage et le partage de connaissance en vue de promouvoir une meilleure gouvernance et gestion durable des écosystèmes en Afrique Centrale.
Depuis une dizaine d’années, l’OFAC collecte des données en Afrique Centrale dans le but d’assurer en permanence la disponibilité des informations nécessaires à la mise en œuvre de ces politiques, ce qui permet de produire et publier une série de produits tels que des rapport sur l’État des Forêts d’Afrique Centrale, des notes politiques, des cartes thématiques, etc.
La dimension des aires protégées et de la biodiversité a été prise en compte dans la stratégie de l’OFAC dans sa phase de consolidation en 2011 avec la mise en œuvre de l’Observatoire des Aires Protégées d’Afrique Centrale, et la publication du premier rapport sur l’Etat des Aires Protégées en 2015.
Alors, la stratégie de l’OFAC est d’assurer la disponibilité permanente des outils et des informations actualisées nécessaires pour accompagner la gestion des aires protégées et appuyer les politiques sous-régionales de conservation et valorisation de la biodiversité.
La stratégie à court terme est : (i) d’amener les partenaires à marquer un engagement pour la mise à disposition des données pour l’observatoire et (ii) de faciliter le processus de transfert d’informations des organismes de conservation et agences de gestion des aires protégées.
A moyen terme, l’OFAC compte (iii) alimenter continuellement la base des données, (iv) intégrer de manière efficiente les partenaires techniques et financiers dans les flux d’information de l’Observatoire des Aires Protégées, (v) assurer la sécurisation et le fonctionnement de l’Observatoire et (vi) faciliter l’accès aux données et le partage d’informations.
La stratégie à long terme consiste à (vii) assurer la pérennité des flux d’informations sur les aires protégées d’Afrique Centrale, (viii) maintenir et entretenir la collaboration avec les partenaires techniques et financiers, (ix) assurer le bon fonctionnement de différents outils de l’Observatoire, (x) veiller à l’application des procédures de partage d’informations et (xi) mettre à disposition des partenaires des informations nécessaires pour la mobilisation des financements pour la conservation.
4) Parmi les programmes en cours au niveau de la COMIFAC, il y a le BIOPAMA qui commence sa deuxième phase. Quelles sont les perspectives de contribution du programme BIOPAMA au travail de la COMIFAC ?
La COMIFAC en tant qu´ institution sous-régionale de référence en matière d’harmonisation des politiques environnementales a pour mission d’orienter, coordonner et prendre des décisions dans le domaine de la conservation et de la gestion durable des écosystèmes forestiers.
Et le programme BIOPAMA, à partir de son support au fonctionnement de l’Observatoire des Forêts de l’Afrique Central (cellule spéciale de la COMIFAC), permettra la réalisation des actions de capacitation mais aussi la facilitation d’une collaboration effective entre les agences des aires protégées, les organisations de la conservation et les institutions scientifiques pour la capture, l´analyse et le partage d’informations.
De cette façon, le BIOPAMA appui la COMIFAC à mettre à disposition des décideurs des informations clés pour contribuer à la prise de décision pour un développement durable dans la région.
5) Quelles sont les activités planifiées avec le support du programme BIOPAMA au sein de l’OFAC pour l’année 2019 ?
Dans le cadre du Programme BIOPAMA, les activités planifiées au sein de l’OFAC pour l’année 2019 comprennent, entre autres, la mise en œuvre d’un système d’information de référence régional, basé sur un système d’information (RIS 2.0) conçu pour les pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique. Le système d’information au sein de l’OFAC sera capable de capitaliser les données sur les aires protégées de la région, de les formater selon les besoins des utilisateurs et de les diffuser de manière simple et interactive.
Pour assurer la coordination et le suivi des activités de l’Observatoire tout en engageant et maintenant sur base régulière le dialogue avec les services nationaux en charge des aires protégées, l’OFAC réalisera d´autres activités comme par exemple :
- Réaliser et diffuser des études spécifiques prioritaires pour combler des lacunes d’information critiques pour le développement et l’harmonisation de politiques régionales en matière de conservation de la biodiversité;
- Organiser des ateliers nationaux et régionaux de renforcement des capacités des conservateurs et gestionnaires des aires protégées sur les outils de l’Observatoire, notamment l’outil intégré d’évaluation de l’efficacité de gestion des aires protégées (IMET);
- Apporter un accompagnement technique dans les missions de remplissage des formulaires IMET sur le terrain et finalement accompagner les services en charge des aires protégées dans l’analyse des données au niveau national;
- Établir des liens de collaboration avec des organisations partenaires pour faciliter l’application des outils de terrain et remonter les données vers l’observatoire;
En plus, l’OFAC coordonnera l’élaboration, production et diffusion de la nouvelle édition du rapport de l’État des Aires Protégées d’Afrique Centrale, qui pourra servir à informer et influencer des nouvelles interventions et politiques publiques dans le secteur.
6) Voulez-vous partager un message avec vos partenaires?
Les nombreuses réalisations obtenues par la COMIFAC depuis sa création lui ont valu la reconnaissance et la notoriété dont elle joue aujourd’hui tant sur le plan national, sous-régional qu’international.
Ces acquis faut-t-il le dire, sont à mettre en grande partie à l’actif des appuis multiformes des partenaires techniques et financiers qui ont eu confiance à l’institution et à qui la COMIFAC par ma voie rend un vibrant hommage pour tous les efforts consentis en faveur de la préservation des forêts du bassin du Congo. Ceux-ci ont fortement contribué à la mise en œuvre du plan de convergence et surtout à l’amélioration des performances que l’institution a su acquérir au fil du temps.
En dépit de ces appuis, les défis demeurent nombreux eu égard aux grands fléaux qui minent la gestion de nos ressources naturelles et notre environnement en général. C’est pourquoi les appuis des partenaires devraient davantage être renforcés et diversifiés.
L’occasion m’est ainsi donnée de lancer un vibrant appel à tous ces partenaires de soutenir davantage la COMIFAC, mais aussi les efforts des pays à travers les appuis qui devront cadrer avec les priorités nationales et alignées au plan de convergence sous-régional.