Lutte contre la criminalité contre les espèces sauvages en Afrique centrale : les responsables en charge de l’application de la loi mieux outillés
Brazzaville-République du Congo, 28 Juillet – 1er Août 2019. Deux ateliers multi-institutionnels sur le renforcement des capacités en matière d’enquêtes sur les crimes contre les espèces sauvages à l’intention des responsables chargés de l’application de la loi se sont tenus à l’hôtel Mikhael’s.
Le trafic des espèces sauvages est maintenant considéré comme la quatrième activité criminelle internationale au monde – après le trafic de drogues, des produits de contrefaçon et des personnes. Cette poussée sans précédent du commerce illégal de la flore et de la faune sauvages, au cours des dernières années, représente une menace immédiate, non seulement pour les espèces sauvages, mais aussi pour la sécurité nationale et régionale, l’état de droit, le développement durable et le bien-être des communautés locales. Attirés par des risques relativement faibles et pour des revenus élévés, les réseaux transnationaux organisés du crime se sont affirmés dans le commerce illégal des espèces sauvages, introduisant des méthodes plus sophistiquées – une plus grande violence et une plus grande corruption. La reconnaissance de cette menace croissante et de l’impact potentiellement dévastateur du crime sur les espèces sauvages, dans les communautés et dans les pays, a déclenché un changement majeur des attitudes dans le monde entier et la prise de conscience que seule une réponse urgente et internationale permettra de faire face à la crise.
C’est ainsi que l’ ENACT (Renforcement de la réponse de l’Afrique à la lutte contre la criminalité transnationale organisée) a organisé conjointement avec le Département de l’économie rurale et de l’agriculture de la Commission de l’Union africaine, l’Équipe spéciale de l’Accord de Lusaka (LATF), et le Secrétariat Exécutif de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) trois ateliers portant respectivement sur : (i) le renforcement des capacités en matière d’enquêtes sur les crimes contre les espèces sauvages à l’intention des responsables de l’application des lois, (ii) la concertation des Directeurs en Charge des aires protégées et de la faune sauvage sur les défis de l’application de la loi et (iii) sur la Sensibilisation sur la mise en œuvre de la Stratégie africaine de lutte contre l’exploitation illégale et le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages en Afrique (ajournée).
Y ont pris part, des experts representant: la Commission de l’Union africaine, l’Accord de Lusaka (LATF), la Commission des Forêts Afrique Centrale (COMIFAC), ENACT, INTERPOL, le Réseau de Surveillance du Commerce des Espèces de Faune et de Flore sauvages( TRAFFIC), la Maréchaussée royale, la Société de Conservation de la Faune (WCS), Africa Wildlife Foundation (AWF), du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), l’Organisation de la Conservation de la Faune Sauvage en Afrique (OCFSA), l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD), l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), WWF, les Directeurs de la Faune et des Aires Protégées et des hauts responsables de la police, de la gendarmerie, de la justice, du Congo, du Gabon, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo, et du Tchad. Le mélange de participants issus d’horizons différents a mis en évidence la complexité des problèmes et la nécessité de faire participer un large éventail d’acteurs pour aborder la diversité des instruments et outils disponibles pour résoudre ces problèmes.
Quatre interventions ont meublé la cérémonie d’ouverture :
Monsieur Edward Phiri Directeur de la LATF a déclaré que les rencontres de Brazzaville s’inscrivent dans un programme de lutte contre le commerce illicite des espèces de faune et de flore sauvages et font suite aux ateliers de la région Afrique du Sud tenu du 24 au 28 février 2019 à Livingstone en Namibie et de la région Afrique de l’Est organisé du 13 au 17 mai 2019 à Addis Abeba en Ethiopie. Par ailleurs ” ces ateliers permettront à la LATF de renforcer la collaboration avec la sous-région Afrique Centrale ” ;
Martin Ewi, Directeur de l’ENACT, ” les pays d’Afrique centrale doivent faire de la lutte contre la criminalité faunique leur priorité afin de preserver leur riche biodiversité “.
Pour Monsieur Claude Bochu, Chef adjoint de la Délégation de l’Union Européenne, ” la criminalité faunique et floristique a un important impact environnemental et économique puisqu’elle porte atteinte à la biodiversité. Par ailleurs, ” la problématique qui réunit aujourd’hui constitue non seulement un enjeu sécuritaire mais aussi et surtout un véritable enjeu de développement car les réseaux de trafiquants sont une source majeure de corruption et sont un manque à gagner énorme pour les Etats “.
Prenant la parole à sa suite, M. Raymond Ndomba Ngoye, Secrétaire Exécutif de la COMIFAC a relevé que la lutte contre le braconnage et la criminalité faunique est l’une des priorités du plan de convergence et ” c’est à travers une coordination nationale et une coopération régionale effective que le combat contre le crime organisé portera ses fruits. Si nous voulons lutter activement et efficacement contre les réseaux criminels, nous devons unir nos forces et mutualiser nos efforts “.
Mme Rosalie Matondo, Ministre de l’Economie Forestière du Congo dans son discours d’ouverture a relevé que ” ces ateliers viennent à point nommé par rapport à l’intensité et la complexité du crime faunique, du braconnage et du trafic illicite des ressources naturelles de la biodiversité “. Poursuivant son propos, elle a déclaré ” qu’il convient que soit développé une approche concertée de l’ensemble des parties prenantes afin de parvenir au démantèlement des réseaux mafieux. A cet effet, nous avons l’impérieux devoir d’accompagner notre institution panafricaine unique en son genre afin qu’elle puisse jouer pleinement et efficacement sa mission, et ceci permettra de contribuer à l’application du plan d’actions de lutte contre la criminalité environnementale de la stratégie commune africaine”. ” La préservation de la biodiversité est inscrite comme urgence des temps présents dans la marche vers le développement. C’est dire que dans mon pays le Congo, la lutte contre l’exploitation illégale, le commerce illicite de notre patrimoine n’est pas un vain mot et constituent une préoccupation au plus haut niveau ” .
Selon la méthodologie retenue, les ateliers se sont déroulés sous la forme de présentations, de séances plénières, de travaux de groupes thématiques et de débats animés par des spécialistes des organisations sus-citées et les Directeurs de la Faune et des Aires Protégées des pays représentés.
Les représentants des organisations ont présenté les différentes initiatives et outils développés pour lutter contre la criminalité faunique dans la sous-région à l’instar d’AFRICA TWIX qui est un outil qui soutient les autorités policières, y compris les organes de gestion CITES et les juges, dans leur travail de détection, d’analyse et de surveillance de la fraude dans le commerce des espèces sauvages conformément aux réglementations de la CITES.
Les Directeurs de la faune et des aires protégées ont décrit des activités dans leurs pays respectifs et ont souligné la complexité de la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages dans le contexte plus large de l’instabilité qui touche certains pays de la sous- région.
A l’issue des travaux, les participants se sont accordés sur le fait que pour lutter efficacement contre le braconnage et le trafic des espèces de faune et de flore sauvages, la collaboration de tous les acteurs concernés est nécessaire d’une part. D’autre part, il faudrait entre autres mesures : renforcer la législation et la réglementation en matière de criminalité faunique; renforcer les enquêtes et les poursuites judiciaires ainsi que les renseignements ; renforcer la collaboration entre les agences nationales d’applications de la loi faunique, entre les Etats ainsi que la Coopération entre les institutions sous-régionales en matière de crime contre la faune ; renforcer les capacités opérationnelles (formations, équipements, renseignements, effectifs) des agents en charge de l’application de la loi ; Favoriser des fonds d’ indemnisation pour la gestion des conflits homme-faune. A ces actions il convient d’ajouter des mesures spécifiques de sensibilisation et de communication.
Les participants ont trouvé les ateliers utiles afin d’approfondir leurs connaissances des cadres juridiques et autres mécanismes nécessaires pour contrôler le commerce des espèces sauvages et lutter contre le commerce illégal. Pour Joe Kasongo d’African Wildlife Foundation, ” c’est toujours bien d’être sensibilisé à ces sujets d’actualité. Nous avons désormaines une meilleure comprehension commune de la lutte contre la criminalité faunique “.
Plusieurs participants ont remarqué que d’autres acteurs devaient également être sensibilisés et mobilisés notamment les parlementaires nationaux pour que des changements positifs se produisent. Les organisateurs de l’événement ont noté les besoins exprimés en matière d’assistance complémentaire et ils les prendront en compte dans la planification de futures activités.
Dans son mot de clôture, M. Jean Bosco Nganongo, Directeur de la Faune et des Aires Protégées de la République du Congo a, au nom de Mme la Ministre de l’Economie Forestière et en son Nom propre souligné l’intérêt de telles rencontres de formation et de partage pour les pays. Puis, il a remercié tous les participants tout en félicitant les principaux initiateurs et organisateurs de la rencontre. Enfin, il a souhaité à la suite des participants, que les recommandations formulées soient effectivement mises en œuvre.
C’est en 2010 que la COMIFAC et l’Accord de Lusaka ont signé un protocole d’entente relatif au renforcement de la coopération et au soutien mutuel en matière de conservation de la faune et de la flore sauvage.
L’organisation de l’atelier a été rendu possible grâce à l’appui financier de l’Union Européenne.
A propos d’ENACT
ENACT est un projet financé par l’Union européenne à l’Institut d’études de sécurité (ISS), qui vise à améliorer la connaissance et l’analyse de la criminalité transnationale organisée (COT) en Afrique et à renforcer la sensibilisation, les capacités techniques et stratégiques des acteurs africains concernés, y compris les États et les institutions panafricaines, dans leurs réponses au Crime Organisé Transnational.
A propos de l’Accord de Lusaka
L’Accord de Lusaka sur les opérations concertées de coercition visant le commerce illicite de la faune et de la flore sauvages tenue à Lusaka les 08 et 09 septembre 1994 est un accord régional et multilatéral de protection de l’environnement ayant pour objectif de réduire et à terme éliminer le commerce illicite de la faune et flore sauvages.
Pour d’amples informations, bien vouloir contacter cnchoutpouen@comifac.org; mewi@issafrica.org, edward@lusakaagreement.org
Bien vouloir télécharger les liens suivants :
https://enact-africa.s3.amazonaws.com/site/uploads/enact-brochure-fr.pdf
Louisettte Sylvie Ngo Yebel épse Founga
Experte technique communication
COMIFAC