COP15: que retenir avant les negociations

Montreal, Canada, 5-17 décembre 2022- l

Du 07 au 19 décembre 2022, à Montréal débutera, la Conférence des Parties de la Convention sur la Diversité Biologique (COP15). Cette Conférence a pour objectif de permettre aux gouvernements internationaux d’agir pour lutter contre la crise de la biodiversité. Avant les négociations, on fait le point sur les enjeux du sommet. Pourquoi cette COP15 sur la biodiversité est fondamentale ? Où en est-on sur le sujet de la biodiversité et des écosystèmes ? Pourquoi les COP sur la biodiversité progressent si peu ? Quels seront les enjeux discutés à la COP15 ?

COP15 : ce qu’il faut savoir avant la COP de la biodiversité – youmatter

Au Sommet de Rio en 1992, les gouvernements internationaux ont mis en place plusieurs conventions internationales relatives aux problématiques environnementales. La plus connue est peut-être la CCNUCC, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, qui prévoit l’organisation régulières de COP (Conférences des Parties) réunissant les dirigeants internationaux autour des enjeux climatiques. Mais il existe notamment une autre convention fondamentale signée en 1992 : la Convention sur la Diversité Biologique (CDB).

 

Cette convention prend acte de la crise que traversent les écosystèmes mondiaux : dégradation des milieux naturels, disparition de la biodiversité, pertes des ressources naturelles… Elle met en place un système de COP, comme les COP sur le climat, qui se réunissent périodiquement pour définir des cibles, des objectifs, et se mettre d’accord sur des stratégies visant à mieux préserver les écosystèmes et la biodiversité.

La COP15 qui devait à l’origine se tenir en Chine en 2019 a été repoussée plusieurs fois à cause de la crise de la Covid-19. Elle se déroulera finalement à partir du 7 décembre à Montréal, pour faire avancer les négociations sur les enjeux de la biodiversité mondiale.

 

Pourquoi cette COP15 sur la biodiversité est fondamentale ?

Cette COP est probablement l’un des sommets environnementaux les plus importants depuis des années. D’abord car la biodiversité est un enjeu essentiel, bien moins médiatisé que la crise climatique, alors que les implications de la disparition de la biodiversité sont gigantesques. La crise de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes ont des conséquences directes sur notre santé, sur notre productivité agricole, sur nos économies, sur des industries comme la pharmacie. Globalement, ces crises remettent en cause la capacité de nos sociétés à survivre et se développer sur Terre. La question de la biodiversité et des écosystème est également au carrefour de toutes les autres crises écologiques : la crise de la biodiversité alimente le dérèglement climatique, joue sur la qualité des eaux, de l’air, sur la résilience de nos territoires…

Cette COP est aussi fondamentale à cause de son timing. Elle arrive en effet après la fin du cycle de négociation débuté en 2010 dans la Préfecture d’Aichi, au Japon, qui avait défini des objectifs et une stratégie pour la période 2010-2020. Les négociations de Montréal doivent donc établir une nouvelle feuille de route pour l’action internationale en faveur de la biodiversité pour la période 2020-2030. Les négociations doivent aboutir à un accord cadre, qui guidera l’action internationale, un peu à l’image de ce qu’a pu être l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015.

Où en est-on sur le sujet de la biodiversité et des écosystèmes ?

Or, cette période est véritablement charnière : les derniers rapports de l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) ont montré que la crise s’accélère et que les prochaines années seront décisives si l’on veut préserver les conditions d’une vie soutenable pour l’Humanité. Les décisions qui seront prises lors de la COP15 auront donc des implications majeures sur la protection de l’environnement dans les prochaines années.

Durant le cycle qui s’achève avec les Accords d’Aichi, les progrès ont été beaucoup trop lents. Le rapport publié par la Convention en 2019 montrait qu’aucun des vingt Objectifs d’Aichi n’avait été atteint : ni la réduction de moitié des pertes d’habitats naturels, ni la fin des subventions aux produits nocifs pour la biodiversité, ni la protection de 17% des zones terrestres et 10% des zones marines… La situation est donc catastrophique : chaque année les rapports scientifiques montrent que de plus en plus d’espèces disparaissent, que la contamination des milieux (notamment aux pesticides) se généralise, que les écosystèmes s’érodent. L’IPBES annonçait que d’ici la fin du siècle, près d’un million d’espèces vivantes pourraient avoir disparu.

Pourquoi les COP sur la biodiversité progressent si peu ?

La biodiversité est un enjeu extrêmement complexe, qui touche toutes les activités humaines. Contrairement au réchauffement climatique, pour lequel il « suffit » de faire baisser nos émissions de gaz à effet de serre, agir pour la préservation de la biodiversité implique de travailleurs sur de multiples indicateurs, via des actions dont les effets ne sont pas toujours directement mesurables. Il faut à la fois gérer la conservation des milieux, améliorer la qualité de l’air, des eaux, des sols, lutter contre le réchauffement climatique, agir contre l’artificialisation des sols, changer nos modes de gestion agricoles, forestiers, nos pratiques culturelles… Il est donc plus difficile de trouver des leviers d’actions simples, identifiables, qui fassent consensus.

Cette complexité explique sans doute en partie pourquoi les enjeux de biodiversité sont nettement moins médiatisés que les enjeux climatiques, et pourquoi les dirigeants mondiaux s’investissent moins sur ces questions. En 2018, à la COP14 qui se tenait (comme la COP27 sur le climat) à Charm-el-Cheikh, peu de chefs d’Etat avaient fait le déplacement : la France y était d’ailleurs représentée par sa Ministre de la Transition Écologique de l’époque, Emmanuelle Wargon. D’autre part, le contexte international depuis 2019 n’a pas vraiment favorisé le dialogue sur le sujet de la biodiversité : la Covid-19, puis l’invasion de l’Ukraine ou l’inflation, ont fait passer les négociations de la COP au second plan. Les sessions de travail intermédiaires qui ont eu lieu notamment à Genève en 2022 ont été peu médiatisées, et n’ont pas permis de faire beaucoup d’avancées. Le monde associatif avait ainsi estimé que les négociations avançaient à « un rythme glacial ».

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