COP 14 désertification : Finance climatique, la difficile équation

New Delhi, Inde 10 septembre 2019 : La question de l’accès aux différentes sources de financements pour la lutte contre les problèmes environnementaux des pays francophones était au centre des échanges, ainsi que les questions de genre et celles liées au régime foncier. Une rencontre organisée par l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable.

 

L’accès des pays africains à la finance climatique est un véritable parcours du combattant. Le fond vert climat, le Fond d’adaptation et les autres structures de financement restent inaccessibles aux pays en développement. Seuls 2% des financements des institutions internationales sont octroyés au continent noir qui pourtant est parmi ceux qui subissent le plus les conséquences des changements climatiques. Et il n’y a pas que l’Afrique, les iles sont aussi logées à la même enseigne. Alors que tous ces pays tentent avec acharnement de lutter contre la désertification et la dégradation des sols, l’accès au financement de l’action climatique à grande échelle demeure l’un des importants défis à relever. Les pays en développement et les iles rencontrent des difficultés pour mobiliser des financements internationaux et nationaux en faveur de la lutte contre les grands problèmes environnementaux.

Cette concertation a donc permis aux ministres en charge de l’environnent des pays francophones d’Afrique et des iles, ainsi que des Initiatives comme la Grande Muraille Verte  ou celle en direction du Sahel, de se retrouver sur la même table que des structures de financement comme le Fonds pour l’Environnement Mondial(FEM), l’Observatoire du Sahara et du Sahel(OSS), le Mécanisme Mondial(MM) et le Secrétariat de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la Désertification. Les nombreuses difficultés des pays francophones à accéder aux ressources financières ont été mises sur la table.

Longueur des procédures

L’accord de Paris a investi le Fonds Vert Climat de la lourde responsabilité de contribuer à l’objectif de réduction du réchauffement de la planète. Pour cela, il faut mobiliser les financements devant aider les économies faibles à se développer sans polluer davantage. Ce fonds doit être renfloué à hauteur de 100 milliards de dollars annuels, même s’il n’ya jusqu’à  présent qu’une dizaine de milliards qui ne sont toujours pas absorbés. Et pour cause, des mécanismes de financement robustes. Selon le ministre camerounais de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable, HELE Pierre, chaque pays a défini ses cibles de neutralité et maintenant qu’il est question de financement on parle de note conceptuelle. Mais il y a un problème qui persiste et les ministres ont  droit à des explications claires concernant le Fond vert Climat. « Je suis impressionné par la longueur de la procédure pour arriver au financement des projets. Il ne s’agit pas seulement d’avoir une note conceptuelle mais en plus l’étude de projet. Du coup on met 2 ans pour approuver le projet et 3, 4 ou 5 ans pour l’exécuter. Pourtant d’ici 2050 il faudra atteindre l’objectif en terme de réduction  des gaz à effet de serre et ramener la température mondiale à moins de deux degrés ».

L’atteinte de l’objectif de 2050 sera visiblement atteint à cette allure. D’ailleurs, sur les 5 milliards déjà dépensés de ce Fond Vert Climat, l’Afrique Centrale n’a bénéficié d’aucun financement pour question de procédure. Finalement beaucoup de pays ne pourront accéder à ce Fonds et par conséquent ne vont pas honorer leurs engagements concernant les Contributions Déterminées au niveau National. Le ministre HELE Pierre propose un quota d’accès par pays, région ou sous-région.

La barrière de la langue.

Les concepts d’adaptation et de mitigation sont transmis à travers des termes techniques et des chiffres donnés dans la langue de Shakespear. C’est que les négociations et les différents Fonds pour les questions environnementales se font exclusivement en anglais qui est la langue de travail. Certes c’est la première langue internationale, mais ce n’est pas la langue la mieux partagée surtout par les pays vulnérables aux effets des changements climatiques. Bon nombre d’entre eux se trouvent dans l’espace francophone et très souvent la difficulté de compréhension de la langue anglaise ne permet pas plus tard d’accéder aux bonnes sources pour obtenir l’aide financière. Elle ne permet pas non plus de ficeler des projets bancables susceptibles de donner accès aux financements. Selon le ministre en charge de l’environnement de Haïti, «  la langue est une barrière qui empêche d’avancer. Haïti souffre plus que tous les autres de la langue, il faut s’efforcer de parler anglais et espagnol ».

Lobbying des pays africains francophones.

L’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable(IFDD) voudrait continuer sa mission d’accompagnement des pays francophones, en les aidant à monter les projets du Fonds Vert Climat et des autres mécanismes de financement. Tounao KIRI, Directeur Adjoint de l’IFDD parle de « la tenue d’une série d’ateliers de renforcement des capacités et des formations pointues car il n’y a pas de compétences dans les pays à cause des problématiques nouvelles vers lesquelles ces fonds sont destinés ». Des formations qui

vont les outiller et leur permettre de faire face aux procédures lourdes d’accès aux financements. Mais c’est à eux de s’unir pour former un bloc et peser pour que la langue française soit intégrée dans la rédaction des documents des négociations et des différents disponibles.

Pour le coordonnateur de la Grande Muraille Verte à l’union Africaine, au regard de la difficulté à lever des fonds, il est temps que les chefs d’Etat et de gouvernement africains regardent de près si les projets sont adaptés à leurs différents pays. Une possibilité pour les pays en développement de l’espace francophone d’être au rendez-vous de 2050 pour ce qui est de l’adaptation et de l’atténuation.

Depuis New Delhi, Line Rénée Anaba Batongue, journaliste RECEIAC

 

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