« La conservation et la gestion durable des forêts et de la biodiversité ne seraient jamais une réalité si des ressources nécessaires suffisantes et disponibles ne sont pas mises à la disposition des institutions et des acteurs concernés »

Bien vouloir lire l’intégralité du discours bilan du Président en exercice sortant du conseil des Ministres de la COMIFAC, le Ministre des Forêts et de la Faune du Cameroun, Jules Doret Ndongo

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre Chef du Gouvernement de la République du Burundi,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres, chers collègues,

Excellence Monsieur le Président de la Commission de la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale (CEEAC),

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants des corps diplomatiques 

Monsieur le Secrétaire Exécutif de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC),

MONSIEUR LE FACILITATEUR DU PARTENARIAT pour les Forêts du Bassin du Congo ;

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales et Sous –régionales ;

Distingués invités à vos titres, rangs et grades respectifs ;

Mesdames et Messieurs ;

 

 

C’est pour moi un réel plaisir et un grand honneur de prendre la parole en cette circonstance solennelle d’ouverture des travaux de la onzième session ordinaire du Conseil des Ministres de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC).

Je voudrais adresser mes sincères remerciements à Son Excellence Monsieur Evariste NDAYISHIMIYE, Président de la République, Chef de l’Etat du Burundi, pour avoir accepté que la ville de Bujumbura abrite cette réunion et à tout le peuple burundais pour l’accueil chaleureux qui a été réservé à toutes les délégations auxquelles, je souhaite un agréable séjour en terre d’hospitalité de la République du Burundi. Je suis très heureux d’être dans ce beau pays verdoyant toute l’année et caractérisé par sa biodiversité exceptionnelle.

Qu’il me soit permis d’exprimer la gratitude de la COMIFAC à Son Excellence le Lieutenant Général Gervais NDIRAKOBUCA, Premier Ministre Chef du Gouvernement de la République du Burundi qui a accepté de présider cette cérémonie d’ouverture malgré son agenda très chargé.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, votre présence parmi nous, traduit l’adhésion du Burundi aux objectifs de la COMIFAC à savoir la conservation et la gestion durable de la biodiversité. Elle traduit également son engagement pour une coopération sous régionale active en vue de la gestion durable des ressources naturelles.

Excellence Monsieur le Premier Ministre, veuillez transmettre à son Excellence Monsieur le Président de la République, nos sincères remerciements pour le soutien financier de la République du Burundi à l’organisation des présentes assises.

Je voudrais exprimer toute mon appréciation à mon collègue le Professeur Sanctus NIRAGIRA, Ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de la Pêche du Burundi pour toutes les dispositions prises pour la réussite des travaux de ce conseil ordinaire.

Je remercie également mes collègues Ministres des pays membres de la COMIFAC qui en dépit de leurs agendas chargés, ont accepté de faire le déplacement de Bujumbura.

Mes remerciements vont enfin à tous les Partenaires au Développement qui ont contribué à l’organisation des présentes assises et spécialement la coopération technique Allemande (GIZ).

Excellence Monsieur le Premier Ministre ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres ;

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants des corps diplomatiques ;

Mesdames et Messieurs ;

A l’issue de la dixième session ordinaire du Conseil des Ministres de la COMIFAC qui s’est tenue le 11 juillet 2019 à Yaoundé, mon pays le Cameroun a été désigné pour assurer la Présidence de la COMIFAC pour une période de deux ans conformément aux dispositions des articles 11 et 12 du Traité de la COMIFAC, et cela en lieu et place du pays frère le Burundi qui n’était pas prêt à cette époque.

Pour ce mandat, nos ambitions étaient grandes, comme l’expriment nos objectifs :

• Faire de la COMIFAC une institution de référence en matière d’harmonisation et de coordination de la mise en œuvre des politiques forestières et environnementales ;

• Restaurer la confiance entre la COMIFAC et les partenaires techniques et financiers d’une part, et entre elle et ses pays membres d’autre part ;

• Assurer l’organisation du troisième Sommet des Chefs d’Etats et de Gouvernements des pays d’Afrique centrale ;

• Susciter le paiement régulier par les Etats membres de leurs contributions égalitaires ;

• Suivre et faire aboutir l’engagement de la République du Cameroun de mettre à disposition un bâtiment siège digne de la COMIFAC.

En raison de diverses contingences, ces ambitions ne seront pas toutes réalisées. L’obstacle majeur auquel nous nous sommes heurtés sera la crise sanitaire liée à la pandémie à Covid 19. Cette crise a conduit à la fermeture des frontières, empêchant l’exécution de la feuille de route biennale du Président en exercice, réduisant fortement les contacts bilatéraux et multilatéraux pour le développement de partenariat et freinant enfin la mise en œuvre du plan de travail biennal de la COMIFAC.

Cette crise a également entrainé une crise économique mondiale dont la sous-région Afrique centrale souffre encore des effets. Nos efforts en matière de gestion durable des ressources naturelles en ont été fragilisés.

En tout état de cause, nous avons tout mis en œuvre pour que l’Institution continue à jouer son rôle.

La conservation et la gestion durable des forêts et de la biodiversité ne seraient jamais une réalité si des ressources nécessaires à savoir, ressources humaines, matérielles et financières suffisantes et disponibles ne sont pas mises à la disposition des institutions et des acteurs concernés.

C’est le lieu pour moi de réitérer notre profonde gratitude à l’endroit des partenaires techniques et financiers qui nous accompagnent dans cette lourde mission de la conservation et la gestion durable de ce poumon vert du monde. Je pense notamment au Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC).

Aussi, la COMIFAC a-t-elle a renforcé sa collaboration avec le Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC). Cette collaboration s’est matérialisée par des concertations fréquentes ainsi que par l’organisation des rencontres politiques de haut niveau entre les Ministres de la COMIFAC et les Partenaires au développement.

Grâce à cette franche collaboration avec la facilitation Allemande du PFBC ainsi que tous les membres de cette plateforme, nous sommes parvenus à plusieurs résultats importants et stratégiques pour notre sous-région.

1. A propos des négociations et dialogues internationaux dans les secteurs forêt-environnement/ Biodiversité, nous avons enregistré les résultats suivants :

• la Déclaration de N’Djamena de janvier 2019, sur la nécessité d’orienter les dynamiques régionales de transhumance par une meilleure prise en compte des enjeux de sécurité, de gestion de la faune et de dégradation croissante des écosystèmes suite aux changements climatiques. Cette déclaration réaffirme l’engagement des Pays membres de la COMIFAC et des Partenaires Techniques et Financiers à œuvrer davantage pour la lutte contre la criminalité faunique, le trafic et le commerce illicite des espèces de faune et de flores sauvages dans l’espace COMIFAC. Au mois de juillet prochain, la conférence de N’Djamena 2 se tiendra au Cameroun, elle va nous permettre de valider les cadres d’investissements pour l’opérationnalisation de cette déclaration.
• la « Déclaration d’engagement des Etats membres de la COMIFAC de Yaoundé en septembre 2021 en faveur des forêts d’Afrique centrale et l’appel à un financement équitable » (Le Fair Deal), signé lors du Symposium sur les forêts tropicales organisé par la République Fédérale d’Allemagne à Berlin en collaboration avec la Facilitation du PFBC le 6 septembre 2021. Au cours de ce symposium, l’Allemagne a décidé d’augmenter sa contribution au sein de l’Initiative pour les forêts du Bassin Congo (CAFI) d’un montant de 125 Millions d’Euros ;

• En marge de la COP26 sur le climat, cette déclaration a été présentée et un groupe de bailleurs s’est engagé à appuyer sa mise en œuvre à travers un financement à hauteur de 1,5 milliards de dollars américains pour une période de cinq ans (2021-2025). Cette annonce historique constituait une alerte lancée par un petit groupe de Donateurs conscients du sous-financement historique du Bassin du Congo. Nous considérons Glasgow comme le point de départ pour un engagement et un soutien accru pour davantage d’investissements et d’attention politique vers la protection des forêts du Bassin du Congo dans les années à venir.

• Nous sommes également parvenus à l’adoption de positions communes pour une participation plus active de la sous-région aux grandes réunions internationales consacrées aux forêts, à l’environnement et à la biodiversité.

En marge de ces évènements, nous avons eu à organiser des pavillons en vue de partager les expériences de nos pays en matière de conservation, de gestion durable de la biodiversité et de lutte contre les changements climatiques. Cette participation active a renforcé l’image et la crédibilité de notre organisation.

2. S’agissant de la mobilisation des financements tant pour assurer le fonctionnement de notre organisation que pour la mise en œuvre du Plan de Convergence, nous avons procédé à :

• la mise en place d’une task Force pour la mobilisation des financements dans le cadre du Fair Deal. Elle servira de cadre stratégique pour les mobilisations de fonds en faveur de la protection des forêts du Bassin du Congo et de la biodiversité dans l’espace COMIFAC.
• la sensibilisation des Etats membres pour le respect de leurs engagements vis-à-vis de notre institution. Celle-ci a permis de recouvrer des arriérés dues à la COMIFAC. Ces derniers ont été d’un apport appréciable à l’institution. Nous disons Merci au Burundi, au Gabon, à la RDC ; à la RCA. J’ai personnellement veillé à ce que la République du Cameroun soit à jour de ses contributions égalitaires ;
• la signature de plusieurs conventions par le Secrétariat Exécutif dans le but de développer des programmes et projets dans les pays membres de la COMIFAC.

Je suis heureux de vous informer qu’entre 2019 et 2022, une somme d’environ 78,6 milliard de FCFA soit environ 120 millions a été mobilisée pour la mise en œuvre de 09 projets qui sont en cours d’exécution. Un document informatif sur ces projets se trouve parmi les dossiers de la présente session ;

D’autres projets sont en cours de négociation à l’instar du Projet Tropical Timber Trade (TTT), une initiative de dialogue avec la Chine qui concerne les cinq pays producteurs forestiers et dont la note conceptuelle sera soumise au cours de cette rencontre pour approbation ;

• l’élaboration d’un plan d’affaires et d’une stratégie de mobilisation des financements au niveau local, national, sous-régional et international en faveur de la conservation et de la gestion durable des ressources forestières, fauniques et de la biodiversité dont vous aurez l’occasion de les approuver au cours de la présente session.

3. En ce qui concerne le renforcement des capacités de nos institutions nous avons :

• engagé le processus de révision des textes fondamentaux de notre organisation compte tenu des différentes évolutions structurelles afin de mieux répondre aux préoccupations des pays en matière de gouvernance des ressources naturelles et environnementales. Ces projets de textes révisés font partis des dossiers que nous allons examiner au cours de cette réunion.
• élaboré le projet d’organigramme de l’Observatoire des Forêts d’Afrique Centrale (OFAC), Cellule du Secrétariat Exécutif de la COMIFAC chargée de compiler, centraliser et harmoniser les informations environnementales et économiques en Afrique Centrale pour mieux assurer la gouvernance des données ;
• mené plusieurs activités de formation et de renforcement des capacités sur diverses thématiques telles que: l’Accès aux ressources génétiques et le partage juste et équitable des Avantages découlant de leur utilisation, la finance climatique, l’évaluation environnementale, la criminalité faunique, etc. à travers les différents groupes de travail thématiques du Secrétariat Exécutif dans l’optique de doter les experts de la sous-région des capacités nécessaires pour face aux défis liés à la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.

• préparé les dossiers techniques pour la tenue du 3^e Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la COMIFAC et attendons que les dates soient fixées ;
• fait le suivi régulier des travaux de construction de l’immeuble siège de la COMIFAC. Je suis très heureux de vous annoncer que les clés de cet immeuble de 8 étages seront remises au Secrétaire Exécutif de la COMIFAC au cours de cette année.

4. S’agissant de la coopération

Plusieurs conventions de collaboration ont été signées avec des organisations internationales, régionales et sous régionales. Et aussi avec certains pays développés à l’instar de la République Fédérale d’Allemagne, qui a signé un Accord cadre historique avec la COMIFAC faisant d’elle la deuxième institution sur le Continent africain après la commission de l’Union Africaine à avoir signé cet Accord avec l’Allemagne.

Je saisis l’occasion qui m’est offerte pour réitérer au nom de la COMIFAC et à mon nom propre notre profonde gratitude à l’endroit de la République Fédérale d’Allemagne pour les appuis multiformes apportés à la COMIFAC et ses pays membres. Le soutien substantiel et continu de la République Fédérale d’Allemagne a permis à notre organisation de relever les défis majeurs et sans cesse croissantes auxquels sont confrontés les écosystèmes forestiers d’Afrique centrale.

La coopération a également été marquée par la franche collaboration avec le PFBC. Les réunions avec le Partenariat ont toujours constitué une des opportunités où les Etats et les partenaires réfléchissent ensemble sur les stratégies de mobilisation des ressources pour la mise en œuvre du plan de convergence de la COMIFAC.

Aussi qu’il me soit permis d’exprimer ma profonde gratitude à l’honorable Dr Christian Ruck et toute son équipe pour le travail remarquable abattu tout au long de la facilitation Allemande du PFBC. Je voudrais lui rappeler au moment où il s’apprête à passer le témoin à la France, que mes pairs et moi l’avons désigné Ambassadeur pour les forêts du Bassin du Congo et donc sa mission ne fait que commencer. « Dr Christian Ruck, my dear friend, Thank you so much, once more again” and sincere congratulations.

Permettez-moi de saisir cette occasion pour souhaiter la bienvenue et plein succès à la facilitation française qui prend le flambeau en juillet prochain. La COMIFAC et ses pays membres ne ménageront aucun effort pour poursuivre avec elle la franche et étroite collaboration établie avec la facilitation Allemande.

Si des réalisations importantes ont vu le jour, c’est grâce aux appuis multiformes des partenaires et surtout à la crédibilité acquise par la COMIFAC d’accéder aux financements des partenaires. Dans cet esprit, nous réitérons nos vifs remerciements aux nombreux partenaires qui ont écouté l’appel des Chefs d’Etat lors du Sommet de février 2005 à Brazzaville. Les Pères fondateurs demandaient à la Communauté Internationale de mobiliser des appuis nécessaires pour la mise en œuvre du Plan de convergence.

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

Le mandat qui s’achève ici ce jour n’aura pas toujours été un long fleuve tranquille.  Nous avons trouvé au début de notre mandat une institution subissant une tension de trésorerie sans précédent.

Ce qui n’a pas permis de recruter les experts techniques pour le Secrétariat Exécutif. Sur un autre plan, en concertation avec mes pairs, nous avons procédé à la mise en place d’une nouvelle équipe statutaire.

Malgré le déficit en ressources financières et humaines au Secrétariat, cette équipe fait un travail remarquable. Les brillants résultats évoqués tout à l’heure sont à mettre à son crédit, au constant engagement et à la ferme détermination dont elle a fait montre. Je voudrais marquer mon appréciation pour le soutien sans faille qu’elle m’a apporté et félicité l’ensemble du personnel du Secrétariat Exécutif pour les résultats obtenus en un temps record. Je les exhorte à ne pas baisser les bras.

Après plus de trois ans déjà, des progrès réels ont été enregistrés, mais beaucoup reste à faire. A l’heure où mon pays le Cameroun, s’apprête à passer le témoin de la Présidence de la COMIFAC au pays frère et ami le Burundi, qu’il me soit permis de rappeler les chantiers prioritaires en cours qui méritent d’être poursuivis. Il s’agit notamment de :

• la finalisation du processus de révision des textes fondamentaux de la COMIFAC,
• l’organisation du 3^e sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays de l’espace COMIFAC.
• la poursuite de la sensibilisation des Etats Membres pour le respect de leurs obligations envers la COMIFAC,
• l’exécution du Plan d’Affaires de la COMIFAC ;
• l’internalisation des directives sous régionales développées par la COMIFAC ;
• l’opérationnalisation de la stratégie de mobilisation des financements ;
• le renforcement de la diplomatie environnementale ;
• le soutien de la Task Force pour le suivi du Fair Deal.

Je formule le vœu que ces points essentiels soient inscrits dans la liste des actions prioritaires de la feuille de route de la Présidence Burundaise.

 

Excellence Monsieur le Premier Ministre,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs,

 

Je ne saurai terminer mon propos sans exprimer toute ma reconnaissance à mes pairs pour leur soutien indéfectible et inconditionnel qui a facilité la réalisation de ma mission. En Juillet 2019 à Yaoundé, j’avais rencontré des collègues.   A l’entrée en salle ce matin, j’ai rencontré des amis.

Mesdames et Messieurs les Ministres, la réussite de cette mission est aussi la vôtre.

Sur ce, je souhaite plein succès à nos travaux.

Vive la Coopération Internationale

Vive la COMIFAC et ses pays membres

Je vous remercie.